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29/05/2005

d-fé = du feu

en ce jour de ouinonnonoui je vous propose un ovni : le groupe dfé. Nous venons de terminer leur nouveau clip dont vous trouverez le lien à la fin de cet article



Les D-FE (difé) évoluent dans un registre qui leur est propre : le zwinx metal, qu'on peut définir comme du metal qui aurait flirté avec la culture africaine ancestrale (metal k’1fry, metal tropical, afro-core, Kongo metal, ou encore Kemet metal, ou même true black metal et j'en passe...), c’est une musique qui se veut extrême, roots et urbaine, où des rythmiques et des percussions afro côtoient parfois des blasts beats sur fond de guitares ne manquant pas de jus, tout cela joliment habillé de samples et de scratchs du meilleur effet.

A la base, le mot zwinx est un terme caraïbe des années 80 signifiant barré, insaisissable, bizarre, mais aussi salement et brutalement funky ! Si ton esprit est ouvert et que tu sais bouger à la fois ton cul et ta tête, alors le zwinx te paraîtra très accessible. Mais avertissement toutefois : sous les tropiques et plus particulièrement dans La Caraïbe, il y a des cyclones qui dévastent tout sur leur passage, l’un d’entre eux est récurent, il se nomme D-FE, et il se pourrait bien qu’il décide d’aller voir ailleurs si ça zwinx…

Les D-FE sont énervés et ils sont violents (et parfois sombres) musicalement, car ils veulent sensibiliser sur différents problèmes de la planète et particulièrement ceux du continent Africain et de sa diaspora, dont la majeure partie des huit membres du groupe est issue. Associée à l’urbanisme parisien où est né le zwinx, l’Afrique est d’ailleurs très présente dans le concept visuel du groupe, et il peut être troublant pour certains de voir des africains alliant baggys et boubous, maquillés, coiffés ou masqués dans la pure tradition africaine Dogon, Vaudou, ou Yoruba, headbanguer sur le metal le plus violent ; cependant le metal ne vient-il pas du blues et les maquillages des blacks metalleux ne peuvent-ils pas également faire référence à ceux des guerriers Massaï de Tanzanie ?

La cause de ce combo metallique est juste, d’une portée universelle, et rien de telle qu'une musique aussi énergique et novatrice que le zwinx pour la plaider, appuyée de textes hurlés, toastés, rappés et même évoqués (incantations), en français, en douala et en caraïbe, au service d’une forme d'expression musicale originale, agressive et politiquement incorrecte. Le zwinx est l’arme qui donne la force aux huit zwinxateers de cet ovni qu'est D-FE pour faire passer le message ; cette arme est constituée d'une alliance surprenante de l’agressivité et de la force du metal avec la sagesse du « way of life » des Kémites : des humanistes ayant engendré la première civilisation de la planète en Afrique dans la vallée du Nil, il y a 5000 ans avant notre ère. La civilisation kémitique fut (avant invasions extérieures) durant plus de 2000 ans, pacifiste, humaniste, sans chômage, sans guerre, sans SDF et sans prison ! De quoi donner à réfléchir à ceux qui dirigent le monde actuellement…

Les zwinxateers de D-FE aspirent à atteindre la sagesse et la force des Kémites

Kalisté N’toné -voix / Mawsi Kahi-voix, n’goni / Suti Gabeh-guitare
Baf -guitare / pôl-basse / Olivier Hauspie-batterie
Bës -percussions / Dj Ganesh- platines, samples


site officiel : dfe6000.com

et maintenant la surprise, en exclu absolue, une reprise d'un certain Johnny Hallyday filmée dans la cave et montée par votre serviteur.

➲D-FE - Muziki - QuickTime (low bandwith)
➲D-FE - Muziki - QuickTime (hi bandwith, nécessite QT7)

19/05/2005

Give Up The Booty !

Bon, il ne faudrait pas que ce blog se transforme en carnet de décès mais j’ai totalement zappé l’article de Serge Loupien dans Libération du 10 février dernier qui nous apprenait la mort de Jimmy Smith, le “roi de l’orgue Hammond b3”. Maître de cet imposant instrument, il a inspiré Jimmy Mc Griff, Rhoda Scott ou encore Cheik Tidiane Seck et bien sur, l’ensemble du courant acid jazz des années 90.

Jimmy Smith est donc mort le 8 fevrier 2005 à l’age de 79 ans “dans son sommeil”. Il avait popularisé l’orgue Hammond dans le jazz, surtout sur les productions Blue Note puis Verve.
On se souvient tous de sa version de I Got my Mojo Working ou du terrible Root Down enregistré live pour l’album Root Down Jimmy Smith Live! et samplé par les Beastie Boys.


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Si sa discographie concernant ces deux labels est correctement rééditée il n’en va pas de même pour les disques qui ont suivi, comme l'incroyable Sit On It! paru en 1977 sur Mercury.



D’abord, il y a la pochette dont on peut apprécier...les jambes.



Et la touche trés classe de Jimmy Smith au verso

En plus du B3, Jimmy Smith utilise le mini moog. Herbie Hancock joue du piano, George Bohannon, du trombone et, c’est ici que l’album prend toute son importance, la production de l’album revient au légendaire Eugene McDaniels.

Un petit mot sur Eugene (ou Gene) McDaniels : Auteur-compositeur-interprète du rarissime Endless Heroes of the Apocalypse, un album de soul-funk-folk-jazz sorti en 1971 et quasiment censuré par Atlantic à l’époque car un peu trop politique sous le règne de Richard Nixon (lire l’histoire de cet album sur pitchforkmedia.com. Cet album ainsi que le suivant, Outlaw, ont heureusement été réédités par Rhino/Atlantic en 2002


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Eugene McDaniels est également l’auteur du titre Feel Like Making Love interprété par Roberta Flack ou du célébre et trés politique Compared to What (lire les paroles) que l’on trouve sur l’excellent album live de Les McCann et Eddie Harris Swiss Movement enregistré au festival de jazz de Montreux en 1971. Eugene est, lui, toujours bien vivant et toujours activiste et musicien :Gene McDaniels official site

Voici donc un morceau ultra funky de l'album de Jimmy Smith Sit On It!. Hammond B3 (et minimoog) en folie :

♬ Give Up The Booty - Jimmy Smith - 1977
label : Mercury
ref : srm-1-1127

10/05/2005

Natty take over, Justin Hinds est mort.

Justin Hinds and the dominoes

Justin Hinds était un des plus grands chanteurs jamaïcains. Sa carrière a démarré à l'aire du Ska et du Rocksteady au début des années 60 sur le label Treasure Isle de Duke Reid. Il a publié Jezebel en 1976 sur Island, un album extraordinaire mais non réédité à ce jour (excepté au Japon dans la série roots rock reggae). Il s'agit de la quintessence du reggae roots avec trio vocal à la Heptones, Gladiators,etc...

Le travail d'Island sur ce disque et remarquable (malgré la faute sur le nom: Hines au lieu de Hinds)...car il n'apparaît pas dans la production.

Entièrement produit en Jamaïque par Jack Ruby, enregistré aux studios Federal et Channel One, mixé chez Randy's, on retrouve la créme des musiciens de l'époque : Robby Shakespeare à la basse, Leroy "Horsemouth" Wallace à la batterie, Tyrone Downie au clavier, Earl China Smith à la guitare.

Dans les années 90, Justin Hinds a monté le groupe de percussion nyahbingi Wingless Angels avec Winston "Black Skull" Thomas, ancien membre du groupe afro punk Bad Brains et musicien actif de Talking Heads retiré en Jamaïque. L'unique album de Wingless Angels, que je ne possède pas (grrr), à la particularité d'avoir été produit par Keith Richard et enregistré dans sa maison d'Ocho Rios. Sortie en 1997, on le trouve chez Island Jamaica.

Justin Hinds avait effectué une tournée mondiale avec les vétérans regroupés au sein du Jamaica All Stars, puis en solo en 2003. Son cancer s'est aggravé à l'occasion de cette tournée et aprés une chimiothérapie en France (brrrr) il était retourné en Jamaïque pour se reposer et pour malheureusement nous quitter définitivement en mars dernier.



Je traîne cet album depuis 10 ans et le titre What You Don't Know m'obséde. Ce que j'apprécie énormément c'est l'évidence des paroles : "What you know you know and what you don't know you don't know" (!!!)

R.I.P. rasta !
♬ What You Don't Know - Justin Hinds & The Dominoes - 1976
label: Island
réf:ILPS 9416

07/05/2005

Korité à Bamako

la Korité c'est la fête de l'Aïd El Fitr, la fin du Ramadan.

En décembre 2003 j'étais à Marrakech, nous guettions l'apparition de la lune qui marque la fin du Ramadan, le ciel était couvert, pas de lune, pas de fête !!! Nous prenions l'avion pour Bamako le jour même et c'est plus prés du ciel que l'astre lunaire est apparu, quelque part au dessus du Sahara, à destination de la capitale du Mali.



Découvrir Bamako à l'occasion de la rupture du jeûne fut une expérience extraordinaire. Les boubous les plus précieux, les coiffures les plus spectaculaires, les sandales de marques italiennes, les mets les plus exquis... Bamako, ville aride et poussiéreuse devient, pour quelques jours, une capitale élégante et joyeuse. Après les longues réunions de famille, la fête bat son plein.

Dans une ville comme Bamako, l'étranger que je suis n'est en général qu'un conquérant malgré lui, un colon en tongs qui navigue de bar en bar, de brousse en brousse pour écouter encore et encore Stir it up ou Exodus de Bob Marley et se faire accoster par quelques beautés qui proposent l'amour tarifé. Eventuellement, l’étranger à droit au spectacle d’une petite troupe folklorique à son hôtel qui apporte un peu d'authentique au bord d'une piscine qui contient plus d'eau qu'il n'en faut pour abreuver 100 familles. (heureusement, il existe quand même un lieu qui contredit cet état de fait, l'Akwaba, le club de salsa de Bamako)



Durant le Korité, le rapport s'inverse, l'étranger a intérêt a ranger les tongs et le short et sortir sa plus belle chemise et son jean propre si il veut avoir une chance de participer à la fête. Etrangement, l'argent fait son apparition, pas question de payer des biéres aux copains, c'est le peuple de Bamako qui régale... le whisky coule à flot et les plus prestigieux griots, divas et musiciens prennent d'assaut les scènes des night clubs et des cabarets.

Une des soirée les plus extraordinaire que j'ai vécu durant cette semaine eu lieu à l'Opium, boite de nuit à ciel ouvert à 20 minutes de Bamako, sur la route de Djenné. Habib Koïte, grand guitariste Malien y donnait un concert. 6h de musique.

Habib Koïté, en plus d'être un excellent chanteur, est un guitariste virtuose. Né dans une famille de griots, c'est son pére qui l'a initié. Enfant, Kanté Manfila le guitariste des Ambassadeurs du Motel (le groupe de Salif Keita) était son idole, puis son frére ainée lui fit découvrir Jimmy Hendrix et David Gilmour de Pink Floyd. Aprés de longues étude de guitare classique à l’Institut National des Arts de Bamako, il lance son groupe : Bamada.

Les instruments à cordes sont trés populaires dans la région du Mali, qu'ils s'agissent des instruments traditionnels comme le Ngoni et la Kora, ou tout simplement de la guitare. Il existe une multitude de styles : Celui des griots Mandingues, le "boogie" Bambara, le style funky des chasseurs Wassoulou ou encore le blues du désert popularisé par Ali Farka Touré. Habib Koïté rend hommage a tout ces styles dans son jeu avec une guitare acoustique et des cordes en nylons, objet râre au Mali ou, malgré le peu d’electricité, la guitare electrique domine.

Pour en savoir plus sur Habib Koïté, vous pouvez consulter cette excellente interview de juin 2004 (en anglais) sur le site acousticguitar.com.


Habib Koïté a récemment sorti un double album live "Fôly! Live Around the World" sur le label World Village (disponible à la Fnac).

voici donc un extrait video de ce concert magique, un soir de décembre à l'Opium. Filmé en plan séquence qui bouge (!), j'espère que malgré le peu de lumière vous pourrez ressentir un peu l'ambiance : Les hommes surgissent du public pour chanter avec Habib, les couples se font photographier avec lui pendant une chanson... Ce n'était que le début de la soirée, l'ambiance monte tranquillement et puis les plus beaux boubous font leur apparition sur la piste. Je n'ai pas tenu, j'ai vite laché la caméra pour me lancer...Inoubliable, Merci Habib !


➲Habib Koite "Foly" (video quicktime enregistrée à l'Opium en 2003) 14mn